L’association AURORA, veuves avec enfants mineurs, est la seule association suisse directement concernée à prendre position sur le rapport final de l’étude « La situation économique des veuves, des veufs et des orphelins ».

De notre point de vue, nous confirmons que la Suisse contribue de manière importante à la protection financière des survivants en comparaison internationale. Mais malheureusement, le rapport final de l’étude ne mentionne aucunement les différentes formes de pension des jeunes mères et pères veufs, et se base uniquement sur le revenu du ménage des familles. Mais le revenu du ménage n’indique pas automatiquement la situation économique réelle d’une famille.

Dans la pratique actuelle, les mères veuves d’enfants mineurs reçoivent généralement une rente de veuve à vie (ou jusqu’à leur éventuel remariage), tandis que pour les hommes veufs, la rente de veuf prend fin au 18e anniversaire de leur plus jeune enfant.

Il en résulte que, tandis que les femmes veuves perçoivent une rente assurée jusqu’à l’âge de la retraite – généralement du 1er et du 2e pilier ou de la SUVA -, les hommes doivent s’assurer de pouvoir travailler suffisamment pour ne pas être un jour touchés par la pauvreté des personnes âgées en raison des lacunes de couverture de l’AVS et de la CP. Les rentes de veuf et d’orphelin s’ajoutent certes aux revenus complémentaires, parfois pendant de nombreuses années, mais doivent souvent être utilisées dans la pratique pour assurer la garde des enfants afin que le père survivant puisse poursuivre son activité professionnelle dans une mesure suffisamment importante.

En outre, nous observons également que – en raison du modèle familial traditionnel encore très répandu en Suisse et des conditions économiques – les jeunes pères travaillent majoritairement à temps plein, tandis que les jeunes mères ont beaucoup plus souvent un emploi à temps partiel (ou – surtout avec de jeunes enfants – n’exercent pas d’activité rémunérée). Il s’ensuit que les pères qui restent ont un taux de pension de veuf et de demi-orphelin comparativement plus bas que les jeunes veuves et ne peuvent pas se permettre de réduire leur taux d’occupation pour subvenir momentanément aux besoins de leur famille.

Si, lors de l’imposition, les rentes et le revenu du travail sont imposables en tant que revenus, alors que les frais de garde d’enfants, par exemple dans les crèches, ne peuvent pas être entièrement déduits, le cercle vicieux est parfait : les veufs qui semblent bien gagner leur vie entrent dans une progression fiscale et paient des impôts disproportionnés.

En outre, parmi les 350 membres de notre association, nous observons une situation économique tendue chez les veufs qui vivaient auparavant en concubinage et qui sont donc considérés comme des célibataires aux yeux de la loi : Ils ne reçoivent aucune pension de veuf ou de veuve et les pensions d’orphelin de père et de mère ne couvrent généralement qu’une fraction du revenu familial nécessaire. Il est donc nécessaire qu’ils évitent à leur famille de tomber dans le piège de la pauvreté en travaillant à un taux élevé. De même, nos membres qui bénéficient de régimes de retraite étrangers sont économiquement désavantagés. Les taux de pension de nos pays voisins sont bas et nos membres dépendent toute leur vie des revenus de leur propre activité professionnelle à un taux élevé.

Association AURORA
Christine Perolini, présidente ad interim
Margret Föppl, vice-présidente et membre du comité central du FSFM